Histoire
Après avoir conquis ce site habité par des Vellaves (tribu gauloise), les Romains s’installent au Puy, alors appelé Anicium. À l'époque romaine le site est un centre religieux situé à l'emplacement de la cathédrale. Le site était à l'origine gaulois. Une inscription romaine se trouve au revers de la porte du For de la cathédrale "ADIDONI ET AUGUSTO - SEXTUS MUSICUS TALONIUS D. S. P. P.(de sua pecunia posuit)" (À Adidon et à Auguste - Le musicien Sextus Talonius a élevé ce monument de ses deniers). De nombreux vestiges gallo-romains ont été remployés dans le clocher.
A l’époque des persécutions de l’Empire romain ont été tués en haine de la foi : Saint Julien de Brioude, Saint Ferréol, Saint Ilpize, Saint Marcel.
Après la chute de l’Empire romain, les Barbares déferlèrent, Ruessium (Saint-Paulien) ne fut pas épargnée. La ville saccagée, ses habitants massacrés, ses maisons romaines détruites. Certains considèrent que vers 365 l’évêque Euodius (Vosy) renonça à reconstruire et décida alors de se fixer au Puy, dont la position était plus facile à défendre et la situation plus favorable. Il est reçu dans la spacieuse demeure d'un notable chrétien, résidence qui servira de lieu de réunion à la communauté, où il présidera les saints mystères.
L'histoire de l'Auvergne est troublée à la fin du Ve siècle. Malgré l'opposition de Sidoine Apollinaire, évêque de Clermont, et des Gallo-romains fidèles à Rome, l'empereur Julius Nepos laisse les Wisigoths prendre le contrôle de l'Auvergne, dont fait partie le Velay, en 475. C'est le comte Victorius, un Gallo-Romain, qui est nommé duc des Arvennes par le roi Euric. Après la bataille de Vouillé au printemps 507, Clovis conquiert toute l'Aquitaine.
À la fin du Ve siècle ou début VIe, une église cathédrale est édifiée en haute ville. Au temps de l'évêque Aurèle, fin VIe, le groupe épiscopal anicien compte plusieurs basiliques, proches de la cathédrale, selon Grégoire de Tours. C'est alors que la campagne vellave commence à être évangélisée. Au siècle suivant est fondée l'abbaye du Monastier qui jouera un rôle important dans la christianisation du pays. Aux temps carolingiens, les abbayes et monastères, collégiales, ermitages,... se multiplient. Des hôpitaux, léproseries, préceptoreries pour le mal des ardents,... vont naître. Des commanderies s'établiront.
Au VIIe siècle c’est le tour de Saint Théofrède, le fondateur de l’abbé du Monastier-sur-Gazeille, d’être martyrisé.
Au début du Xe siècle, la Vierge d'Anicium attire déjà de généreux donateurs. Quelques décennies plus tard, l'évêque Gotescalc, au retour d'un pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle, rapporte l'ouvrage de saint Ildefonse sur la virginité de Marie et développe en ce lieu la dévotion à la Mère de Dieu. Depuis cette époque, le pèlerinage à la Vierge ne cesse d'attirer les foules de pèlerins. La ville prend alors le nom de Puy-Sainte-Marie et devient une étape très fréquentée sur le chemin de Saint-Jacques. Le pèlerinage grandit. Les malheurs qui s'accumulent sur le pays au XIVe siècle - guerre de Cent Ans, peste, famine, démence du roi, guerre civile, désarroi des consciences au cours du Grand Schisme d'Occident,... - intensifient la dévotion à la Vierge du Puy. Le 25 mars 1407, jour où l'Annonciation coïncide avec le vendredi saint, la foule apeurée, croyant à la fin du monde, se rappelant les multiples malheurs survenus au siècle précédent, se précipite en se bousculant dans les rues de la ville pour aller prier à la cathédrale. C'est l'origine du jubilé du Puy. Depuis cette date, il sera toujours renouvelé, chaque fois que le vendredi saint tombera le 25 mars. Les guerres de religion ouvrent une autre période sanglante. Le renouveau catholique se manifeste ensuite par une floraison d'œuvres multiples et diverses.
La Révolution agrandit la superficie de l'ancien diocèse pour former le département de Haute-Loire, mais freine beaucoup l'élan religieux. Des prêtres réfractaires subissent la prison, la mort, la déportation. Au tournant du XIXe-XXe siècle, la législation anticongrégationiste, la loi de séparation des Églises et de l'État, la fermeture des écoles privées, les Inventaires, parfois tragiques, se présentent comme des barrières difficiles à franchir. Mais la vitalité de l'Église diocésaine réagit, vitalité de bon augure pour surmonter les difficultés futures. De nos jours, si les chrétiens sont moins nombreux, ils sont plus engagés. Cette constatation est un gage encourageant pour l'avenir.
installation de l'évêché
Les historiens discutent de la date à laquelle l'évêque de la Cité des Vellaves s'installe à Anicium. Les textes disponibles, entre histoire et légendes, ne sont pas suffisamment fiables.
La Notitia Galliarum donne, au Ve siècle, huit cités pour l'Aquitaine Première, celles des Bituriges Cubes, des Arvernes, des Rutènes, des Albigeois, des Cadurques, des Lémovices, des Gabales et des Vellaves. L'église catholique ayant repris dans son organisation celle de l'empire romain, le chef lieu de la cité est le siège d'un l'évêché et la métropole de la province est celui de l'archevêque. Les historiens considèrent que les premiers évêques ont dû installer leur siège à Ruessium (actuellement Saint-Paulien), située sur la Via Agrippa, plutôt qu'à Anicium (actuellement Le Puy-en-Velay).
Une deuxième discussion a eu pour sujet la liste des premiers évêques de la Cité des Vellaves et leur ordre dans la liste des évêques: saint Vosy, saint Scutaire, saint Suacre, saint Hermentaire, saint Aurèle et saint Bénigne.
Un martyrologue lyonnais du IXe siècle donne le nom d'Euodius pour le Velay le 12 novembre. Le nom d'Euodius est celui d'une famille sénatoriale de Clermont. On retrouve ce nom parmi les évêques, prêtres et diacres présents au concile de Valence qui débute le 12 juillet 374. Mais on ne peut assurer qu'il soit évêque de la Cité des Vellaves.
La tradition locale cite les noms de deux évêques saint Georges et saint Vosy (Euodius ou Evode) vers le IIIe siècle et IVe siècle mais aucune preuve ne permet d'affirmer la véracité de ces faits.
La légende parle de la guérison d'une femme sur la pierre des fièvres située à l'entrée principale de l'église (aujourd'hui dans la chapelle du Saint-Crucifix de l'abside Nord). Cette femme aurait reçu en rêve l'ordre de demander à saint Georges, évêque de Reussium, de construire une église sur le mont Anis, Anicium. Un cerf aurait tracé dans la neige les limites de l'église. La légende raconte que de "saints vieillards vêtus de blanc" venant du sud auraient apportés la première relique de la Vierge à saint Vosy, premier évêque du Puy, et à l'architecte Scutaire, son successeur au Ve siècle.
D'autres histoires racontent que des miracles ayant été constatés sur le Mont Anis, l’évêque Vosy confia à Scutaire, architecte romain, la mission d’y édifier une église.
Les noms des premiers évêques font penser que leur origine est orientale.
La première église dédicacée à la Vierge n'a pas pu l'être avant le Troisième concile œcuménique d'Éphèse en 431.
Le concile d'Éphèse va condamner Nestorius et rappeler les dogmes proclamés aux conciles de Nicée en 325 :
- le Fils « vrai Dieu de vrai Dieu, engendré et non créé, consubstantiel au Père »
- et de Constantinople en 381 - le « Saint-Esprit consubstantiel au Père »,
- et ajouter Marie, Mère de Dieu « Theotokos ».
Ce concile va entraîner un développement de la dévotion populaire à la Vierge, Mère de Dieu et du culte marial. En Occident, à Rome, vers 435, le pape Sixte III dédie à Marie l'église du pape Libère construite sur l'Esquilin. C'est la basilique Sainte-Marie-Majeure. C'est la première église consacrée à la Vierge en Occident.
La dédicace à Marie de l'église d'Anicium ne doit pas être antérieure au VIe siècle. Cette dédicace a dû se faire sans cérémonie particulière. En effet, dans les premiers temps de l'Eglise, les églises n'avaient pas de dédicace et, en dehors de la messe, il n'y avait aucune cérémonie particulière pour la consécration d'une église.
Le transfert du siège de l'évêque de Ruessium à Anicium a dû se faire en même temps. C’est au VIe siècle que Podium Aniciense commença à prendre de l’importance et supplanter Ruessium.
On n'est pas certain de la présence de l'évêque à Anicium avant le VIe siècle. Le linteau de la porte papale (retrouvé lors de fouilles et mis là en 1847), située dans le Porche du For, est un réemploi gallo-romain. Il porte le texte "SCUTARI PAPA VIVE DEO" = "Vivez en Dieu, Scutaire". Scutaire, saint Scutaire, est un des premiers évêques apparaissant dans la liste des évêques du Puy. Le terme PAPA a été ajouté après coup, peut-être pour justifier le nom donné à la porte qui ne s'ouvrait que pour le Souverain Pontife et les dignitaires ecclésiastiques. L'autre face de cette pierre portait l'inscription citée au début. La frise en S au-dessus du linteau est celtique. Elle se retrouve au pied du chevet. Une inscription scellée dans le chevet parle d'un certain GUTTVATER, prêtre gaulois.
Un texte de Grégoire de Tours cite l'évêque du Puy, Aurèle, vers 591, à propos d'un faux Christ berrichon qui serait venu avec une troupe au Puy près des basiliques proches de la cathédrale. L'évêque Aurèle lui aurait envoyé des hommes énergiques dont un l'aurait tué. Ce texte permet d'assurer qu'à cette époque le siège de l'évêché du Velay était au Puy et que la ville avait déjà plusieurs églises.
Aurèle aurait été enterré dans la basilique Saint-Vosy. De cette basilique il ne subsiste plus aujourd'hui que la crypte dans l'enceinte du Grand séminaire.
Au IXe siècle, le culte de la Vierge est suffisamment important pour que la ville change son nom d'Anicium en le Puy Notre-Dame.
En 876, on connaît la vicairie Notre-Dame ou Sainte-Marie qui comprend en plus de la ville du Puy, Lantriac, Monnet, Malafosse et Crouziols.
En 924, après que Guillaume II, duc d'Aquitaine, comte d'Auvergne et du Velay ait reconnu la suzeraineté du roi Raoul, ce dernier accorde le 8 avril à l'évêque Adalard, avec l'accord de Guillaume II, le bourg contigu à l'église Notre-Dame du Puy avec tout ce qui était du domaine du comte : droits de marché, droit de monnaie, .... L'évêque devint alors le seigneur du bourg du Puy Notre-Dame.
Le 8 mars 955, l'évêque Godescalc s'étant rendu à Laon, il obtient du roi Lothaire la confirmation du don fait par le roi Raoul en 924.
Le 18 juillet 961, l'évêque Godescalc consacre la chapelle Saint-Michel d'Aiguilhe.
À partir du Xe siècle, le Velay devient comté évêché, au profit de l’évêque du Puy. La ville devient la capitale du Velay, siège du comté et de l’évêché. Ainsi Le Puy devint la capitale des Vellaves.
Déjà célèbre en raison des guérisons opérées par la « Pierre aux fièvres », qui y conduit même quelques musulmans venus d’Espagne, la ville le devint davantage lorsque saint Louis lui fit don de la Vierge noire. Dès lors, Le Puy connut une très grande prospérité, due à la venue de milliers de pèlerins. Ce pèlerinage du Puy resta, durant tout le Moyen Âge, le plus renommé de France, d’autant que l’une des quatre grandes voies conduisant à Saint-Jacques-de-Compostelle passait par-là. L’évêque Godescalc est cité comme le premier pèlerin de Compostelle en 951.
En 1095, le pape Urbain II désigne l’évêque du Puy, Adhémar de Monteil comme légat pour la première croisade.
tour Pannessac
En 1138, le roi Louis VII le Jeune est avec sa cour au Puy où il célèbre la fête de l'Annonciation de la Vierge. Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, écrit à saint Bernard qu'il l'y a rencontré pour lui demander la confirmation d'un de ses religieux choisi comme évêque de Langres.
En 1142, Raymond II, comte de Tripoli (1137-1142), fils de Pons de Saint-Gilles, donne à l'évêque du Puy, Humbert d'Albon (1128-1144), tout ce qu'il possède dans le "comté des Vellaves". C'est la première mention d'un comté du Velay. Jusque là on utilisait la formule "Pagus Vellaicus". Le Velay était une partie de l'Auvergne. Ce document est transmis à Robert III qui est comte d'Auvergne et du Velay.
Au moment de la féodalité, le Velay avait été donné en apanage au duc de Guyenne, Guillaume d’Auvergne. En 1162, un différend s’éleva entre celui-ci et l’évêque du Puy. Ce dernier, ayant été molesté, porta l’affaire devant le roi de France Louis VII le Jeune, qui donna raison au prélat et retira son comté à Guillaume pour l’offrir à l’évêque. Dès lors, celui-ci ne releva plus, pour le temporel, que du souverain qui, en 1307, intégra définitivement le Velay au domaine royal, Philippe le Bel partageant désormais sa seigneurie avec le pontife. Ceci, afin de faire pièce aux Polignac, véritable dynastie, la plus illustre de la région, qui rançonnaient les riches pèlerins et les marchands attirés nombreux par la perspective de fructueuses affaires.
Si le roi de France se décida à intervenir, c’est qu’avant lui un pauvre charpentier, Durand, avait déclaré la guerre sainte à ces « Cotereaux. » Ayant reçu mission de la Vierge de réunir les hommes valides, il donna la chasse à ces aventuriers, dont il pendit jusqu’à 500 à la fois. Le goût du sang entraîna ces nouveaux croisés à de tels excès que le roi dut y mettre bon ordre. D’où le traité de partage de 1307. L’évêque, qui s’était appuyé sur les commerçants pour résister aux Polignac, dut consentir des concessions et Le Puy devint une commune élisant ses consuls.
La ville s'entoure de remparts entre 1220 et 1240 qui vont lui servir de limite jusqu'au XVIIIe siècle.
Le Puy, au Moyen Âge, est une ville religieuse mais aussi une ville littéraire prestigieuse. L’académie de Saint-Mayol accueille des étudiants venus de toute l’Occitanie. La ville est également renommée pour ses cours poétiques en langue d'oc.
Le Velay dépend du gouvernement royal de la Généralité du Languedoc créée en 1377 ayant pour chef-lieu Montpellier, une sénéchaussée indépendante demeure au Puy jusqu’en 1789.
La ville du Puy n'est pas éloignée de la Voie Regordane qui reliait Paris à Saint Gilles.
XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles
Outre son pèlerinage, Le Puy doit aussi une partie de sa prospérité à sa dentelle, mentionnée pour la première fois en 1408. Malheureusement, en 1640, le Parlement de Toulouse, assailli de réclamations par les nobles et les bourgeois qui se plaignaient de ne plus trouver de servantes (on comptait à cette époque dans la région 70 000 femmes fabriquant de la dentelle sur leur carreau) en interdit le port sur les vêtements, d’où désolation et chômage chez les dentelières. C’est alors que Saint François Régis, père jésuite, ému de cette situation, parvint à faire annuler la décision du Parlement.
Le Puy résista toujours victorieusement aux attaques des Huguenots cévenols qui firent subir de grands dommages à la ville. L’évêque, Mr de Sénectaire, prit l’épée et revêtit la cuirasse pour repousser au loin les ennemis de la Vierge. Pendant de longs mois, Le Puy se refusa à reconnaitre Henri IV comme roi de France malgré son abjuration.