LECTOURE

L'occupation du site est constante depuis l'époque préhistorique, comme en témoignent les nombreux vestiges retrouvés lors de fouilles. La situation géographique en « éperon barré » du site a toujours favorisé l'occupation humaine. Oppidum gaulois, puis occupée pacifiquement par les Romains, la cité de Lactora s'étend alors dans la plaine et connaît une longue période de prospérité. Les invasions barbares successives obligent les habitants à revenir sur la hauteur, à élever des remparts et à faire de Lectoure une place forte pendant plusieurs siècles. Sa réputation est fermement établie. Victor Hugo, dans Notre-Dame de Paris, fait dire à l'un des gueux lancés à l'assaut de Notre-Dame : – Par les moustaches du pape ! (...) voilà des gouttières d'églises qui vous crachent du plomb fondu mieux que les mâchicoulis de Lectoure.

Capitale du comté d'Armagnac, elle connaît pourtant plusieurs sièges, notamment celui de 1473 qui voit la capitulation et la mort de Jean V d'Armagnac, et une destruction presque totale.

Réunie à la couronne de France, Lectoure renaît de ses cendres. Elle subit de nouveaux sièges lors des guerres de religion : alors possession des rois de Navarre, protestante, elle doit capituler devant Blaise de Monluc. Les XVIIe et XVIIIe siècles sont une période calme où s'épanouit une société bourgeoise. À la Révolution, de nombreux volontaires s'enrôlent et deviendront des figures marquantes de l'Empire : le maréchal Jean Lannes, et une pléthore de généraux dont les portraits ornent la salle des illustres. Les XIXe et XXe siècles voient une évolution qui n'est guère différente de celle des autres petites villes : lent déclin de la population, avec la rupture brutale due aux guerres mondiales (surtout celle de 1914-1918), qui épargnent cependant Lectoure, de par sa situation géographique éloignée des opérations militaires, qui lui vaut en revanche un afflux de réfugiés (les Alsaciens de Saint-Louis en 1940).

 

L’hôtel de ville fut construit de 1676 à 1682 par l’évêque Hugues de Bar : palais des évêques jusqu'à la Révolution française, il devient bien national et est acheté par le maréchal Lannes.

En 1819, la duchesse de Montebello, veuve du maréchal, fit don à la ville de Lectoure, du palais : il deviendra hôtel de ville, sous-préfecture jusqu’en 1926 et tribunal. Il abrite aujourd'hui la mairie.

La salle des Illustres est une galerie à l'italienne où figurent les portraits des Lectourois les plus notables, un grand nombre d'officiers supérieurs de la Révolution et de l'Empire, mais aussi, au XIXe siècle, trois amiraux. Écrivains et poètes sont exclus de cette galerie, seul un portrait de Jean-François Bladé, don du peintre Germain Massoc, se trouve dans l'entrée. Les « illustres » représentés sont :

L'hôtel de ville abrite le Musée Eugène-Camoreyt, composé de quatre parties distinctes : au rez-de chaussée, une pharmacie ancienne reconstituée autour d'une cheminée Renaissance, une salle dédiée au souvenir du maréchal Lannes, et une autre consacrée à l’amiral Boué de Lapeyrère..

Au sous-sol voûté, le musée lapidaire et archéologique, avec les 21 autels tauroboliques (sacrifice de taureaux au sang purificateur), dédiés aux cultes de Cybèle et de Mithra, et trouvés en 1540, pendant les travaux de la reconstruction de la cathédrale (les consuls de l'époque ayant décidé d'en constituer une collection publique, on peut considérer ce musée comme un des plus anciens de France), monnaies et vestiges archéologiques (sarcophage en marbre blanc de l'école d'Aquitaine) de la cité gallo-romaine établie sur la plaine du Gers.

 Porte de l'ancienne sénéchaussée

 Portail de l'ancienne église des Cordeliers

Un itinéraire fléché guide vers le jardin des Marronniers, ancien jardin de l'évêché, où un théâtre de verdure accueillait régulièrement la troupe de la Comédie-Française (une plaque rappelle que la tragédienne Madeleine Roch joua ici pour la dernière fois, et une allée porte le nom du Comédien français Albert Lambert). Il domine une terrasse où se trouve la piscine municipale et offre une vue sur la plaine du Gers vers le sud jusqu'aux Pyrénées. La table d’orientation en lave émaillée qui s’y trouve actuellement, prévue pour la promenade du Bastion voisine, n’y fut jamais installée car on s’était aperçu au dernier moment qu’elle comportait des erreurs.

L’axe principal de la ville est constitué par la rue Nationale, ancienne rue Royale et rue Impériale, où se trouvent plusieurs hôtels particuliers des XVIIe et XVIIIe siècles, la tour d'Albinhac XIIIe siècle, dernière des « maisons fortes » subsistant du Moyen Âge, le portail des Cordeliers, l’église des Carmes ou du Saint-Esprit du XVIIe siècle, l'hôpital du XVIIIe siècle élevé par l'évêque Mgr de Narbonne-Pelet, sur l'emplacement du château des comtes d’Armagnac. Au Nord et au Sud les boulevards suivent le tracé des anciens remparts de la ville, encore présents bien que portes fortifiées et tours aient disparu : le boulevard du Nord à la base des remparts, et le boulevard du Midi établi sur l’ancien chemin de ronde. La seule tour conservée est, à l’angle nord-est, la tour du Bourreau du XIVe siècle.

 

Hôpital, ancien château des comtes d’Armagnac un des mieux fortifiés en son temps, occupait l’éperon ouest à l'extrémité de la ville, dont il était séparé par des ouvrages fortifiés visibles sur le plan de Métian, aujourd’hui disparus. Progressivement démantelé, sur son emplacement, au XVIIIe siècle, l’évêque de Narbonne-Pelet fit construire un hôpital, bel exemple d’architecture classique, s’ouvrant sur une cour carrée bordée d’arcades sur trois côtés. Sur l’arrière, du côté ouest, des vestiges de l’ancien château sont encore visibles. Au pied des remparts se trouvent les allées Montmorency, ainsi nommées selon une légende fermement établie, à défaut d'être confirmée historiquement : en 1632, Henri II de Montmorency, gouverneur du Languedoc, a comploté contre le pouvoir royal de Louis XIII afin de conquérir l'indépendance de sa province. Battu et fait prisonnier à la bataille de Castelnaudary, il aurait été emmené au château de Lectoure. Mais la population était pour lui. Les dames de Lectoure décidèrent de lui donner une occasion de s'évader. Elles firent passer au prisonnier un gâteau, dans lequel était cachée une échelle de soie. Malheureusement, l'échelle était trop courte : le duc chuta et se blessa. Il fut repris, et connut le destin que l'on sait, condamné à mort, il fut décapité dans la cour du Capitole de Toulouse5.

Non loin de l'Hôpital, le cimetière Saint-Esprit comprend un petit carré militaire avec les tombes de soldats coloniaux (principalement sénégalais) stationnés à Lectoure durant la Première Guerre mondiale et décimés par la « grippe espagnole ».

Au sud, la fontaine Diane, Hountélie en gascon, d’origine romaine, habillée de trois arcades du XIIIe siècle. L’origine de son nom est sujette à caution : si elle était probablement bâtie sur un lieu de culte gallo-romain, l’appellation Hountélie a été interprétée comme « fontaine d’Élie », ou comme hount Délios, Délios représentant Diane, et ce nom est resté.

Non loin de là se trouve l'ancienne tannerie d'Ydrone, bel exemple d'architecture industrielle du XVIIIe, où travaillaient une centaine d'ouvriers.

La promenade du Bastion, ancien bastion sud défendant l'entrée principale, à l'est de la ville, transformé en promenade au XIXe siècle, avec un kiosque à musique, offre aussi une vue dégagée vers le sud. On y accède à l'est par un large escalier monumental que surmonte la statue en marbre blanc du maréchal Lannes, par Jean-Pierre Cortot. Le bastion nord, dit « petit bastion », fut remplacé à la même époque par des habitations et une place. Sérieusement endommagés par la tempête Klaus en 2009, les arbres centenaires du Bastion ont été arrachés en 2010 et de nouvelles plantations sont en cours, en même temps qu’un nouvel éclairage est mis en place.

Cathédrale Saint-Gervais et Saint-Protais

L’édifice actuel a succédé à plusieurs autres. L’emplacement, sur la partie la plus élevée du plateau lectourois, était déjà un lieu de culte avant l’arrivée des Romains, et ceux-ci y élevèrent des temples, comme en témoignent les nombreux autels tauroboliques découverts lors de la reconstruction du chœur en 1540, tandis que la ville elle-même se construisait dans la plaine. La première église dut être bâtie dans la ville antique, peut-être à l’emplacement de l’actuelle église Saint-Gény, mais on n’en a conservé aucun vestige.

La première église attestée sur l'emplacement actuel était dédiée à saint Thomas. Après la période gallo-romaine, la ville était revenue sur les hauteurs. L’église Saint-Thomas suit le délabrement général de l’environnement ecclésiastique. Un concile réuni à Toulouse en 1118 décide de remettre dans l’abbaye de Saint-Gény des moines de bonne vie, et de reconstruire une cathédrale.

 

La cathédrale romane

Là encore on ne sait rien de cette construction. Le plan de la nef, encore visible, montre deux larges travées carrées, avec d’énormes piliers quadrangulaires. En comparant ce plan avec ceux de Cahors ou de Souillac, on peut émettre l’hypothèse que la cathédrale de Lectoure était couverte de coupoles, ou du moins que telle était l’intention première des bâtisseurs. À la fin du XIIIe siècle, l’évêque Géraud de Monlezun fait édifier des voûtes sur croisées d’ogives. On ne sait pas si les coupoles avaient été construites, ou si le projet a simplement changé. L’évêque de Monlezun fait également édifier le chœur, et un clocher à l’angle Nord-Ouest.

 

La destruction de 1473

À la suite des démêlés tragiques de Jean V d'Armagnac avec le roi Louis XI, Lectoure est assiégée. Les troupes royales prennent la ville, tuent Jean V, pillent et incendient les maisons. La cathédrale, qui dans la partie Est de la ville fait partie des fortifications et abrite ses derniers défenseurs, est particulièrement exposée : la façade, le clocher, la nef sont en grande partie démolis. Pendant des mois, Lectoure incendiée, démolie, vidée de ses habitants, est une ville fantôme. Puis Louis XI décide d’aider la reconstruction et la repopulation, en exemptant les habitants d'impôts.

 

La fin du XVe siècle

Cette fin du XVe siècle est pour Lectoure une véritable résurrection. Des chantiers s'ouvrent partout, dont le moindre n'est pas celui de la cathédrale qu'il faut reconstruire. En 1487, l’évêque fait appel à un maître d’œuvre tourangeau, Mathieu Réguaneau. Réguaneau refait la nef, la façade, et son chef-d’œuvre, le clocher-donjon (1488), qui, prolongé d’une flèche, dépasse les 80 mètres de hauteur et en fait l'un des plus hauts édifices de l'époque. La date de 1488 est encore visible dans la première chapelle Nord de la nef, sur le linteau de la porte qui donne accès au clocher.

 

Le XVIe siècle

L’évêque Jean de Barton décide en 1540 de poursuivre la rénovation de la cathédrale en remplaçant le chœur roman, et en améliorant la nef. Cette vaste entreprise est confiée à l’architecte Arnaud Cazanove. Les chapelles du chœur, de plan carré, ne font pas saillie à l’extérieur et sont reliées par des massifs de maçonnerie triangulaires, constituant un chevet polygonal simple. Comme dans les églises du Nord, on a doté le chœur d’un déambulatoire. Cazanove construit le haut contrefort Nord, qui n’a pas son pendant au Sud : vestige sans doute d’un projet d’élever une nef plus haute, au moins de la hauteur du chœur. Dans la nef, il divise en deux les grandes travées pour créer deux chapelles dans chacune, et établit au-dessus une galerie haute ou triforium.

 

Les Guerres de Religion

En 1561, les partisans de la religion réformée sont maîtres de Lectoure. Ils entreprennent alors de démolir méthodiquement les édifices religieux. La cathédrale, dont la reconstruction n’était pas terminée, voit ses voûtes abattues, le mur Sud presque rasé... Blaise de Monluc, commandant les armées catholiques, met le siège en septembre 1562 devant Lectoure. En reprenant la ville, il arrête la démolition de la cathédrale. Mais les troubles ne sont pas pour autant terminés et les travaux ne recommenceront qu’en 1600. Pour des raisons d’économie, on ne reprend pas les plans ambitieux de Jean de Barton. L’architecte Bathia termine la reconstruction en apportant ses propres modifications : c’est lui qui place l’énorme arc triomphal qui fait la jonction entre la nef et le chœur.

 

Du XVIIIe siècle au XXe siècle

En 1742, on décide une grande campagne de travaux destinés à reconstruire le chœur, les collatéraux, la charpente et la couverture de la cathédrale. Mais les conflits incessants entre l’évêque et les consuls, la difficulté de réunir les sommes nécessaires, réduisent le projet à quelques réparations au moindre frais. Faute d’engager 145 livres pour des réparations au clocher, on en arrivera à devoir dépenser plus de 10 000 livres pour démolir la flèche et l'étage octogonal qui la supportait. Selon la légende (manifestement fausse), la foudre, en tombant sur le clocher, se serait propagée jusqu’aux caves de l’évêque, brisant ses plus précieuses bouteilles. En comparaison de ce vandalisme officiel, on a pu dire que la Révolution avait fait moins de dégâts : on jette à bas du clocher les 12 statues, représentant les 8 prophètes de l’Ancien Testament et les 4 évangélistes, on martèle les ornements du portail...

Aux XIXe et XXe siècles, peu de modifications majeures : suppression du jubé (1825), rélégation du maître-autel classique dans la chapelle axiale, remplacé par un autel néo-gothique en marbre de Carrare (1880). Au début du XXe siècle on détruit la maison greffée sur la base occidentale du clocher. Dorénavant on s’attache à restaurer à l’identique, notamment la façade Ouest dont le calcaire fragile est mis à mal par les intempéries.

 

Le clocher

De quelque côté qu'on aborde Lectoure, c'est la silhouette du clocher-tour qui s'impose. Il a été construit d'un seul jet en 1488, par le maître d'œuvre Mathieu Réganeau, et s'il est accolé à la nef de la cathédrale, il n'en est pas moins architecturalement indépendant (bien que son angle sud-est repose sur l'ancien pilier quadrangulaire de l'église romane primitive). Sa hauteur actuelle est de 45 mètres. Il se compose de cinq niveaux de plan carré et de largeurs décroissantes, ce qui lui donne une silhouette de pyramide tronquée. D'épais contreforts occupent les angles. Conformément à son rôle défensif, à proximité de la porte Est de la ville, seul point d'accès, la partie basse du clocher ne comporte que peu d'ouvertures et de décoration : celles-ci augmentent aux étages supérieurs. Les grandes fenêtres garnies d'abat-sons comportaient à l'origine un montant central et des arcs polylobés. Les contreforts sont ornés de piédestaux et de dais qui étaient occupés par des statues de prophètes et d'évangélistes, jusqu'à la Révolution. Le troisième et le quatrième niveau sont entourés par des galeries extérieures, entre les contreforts. Des passages ménagés dans les contreforts permettent d'y circuler. L'horloge se trouve au troisième niveau (qui, de fait, correspond au premier « étage », car il n'y a pas de plancher entre le rez-de chaussée et le niveau au-dessus). Au-dessus se trouve le beffroi, qui comporte trois cloches. Enfin, la plate-forme supérieure, entourée d'une balustrade de pierre typique du XVIIIe s. de la région lectouroise, permet une vue très étendue. On accède aux différents étages du clocher, ainsi qu'à la tribune de l'orgue, aux tribunes de la nef et à l'extrados des voûtes, sous la toiture de la nef, par un escalier à vis placé dans une tourelle extérieure, à l'angle Sud-Est du clocher, édifiée au XVIIIe siècle. Auparavant, on montait par l'intérieur, par des escaliers ou des échelles de bois.

Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, le clocher se prolongeait par un étage octogonal, qui se reliait aux contreforts d'angle par des pinacles et des arcs-boutants richement ornementés, et une flèche très aiguë dont les faces étaient ornées en écailles de poisson et les angles en files de crochets. Un bouton terminal de près d'un mètre de diamètre, portant une croix de fer, terminait l'ensemble, qui atteignait quatre-vingt-huit mètres de haut.

Le clocher était évidemment un poste d'observation de choix. Un poème en gascon relate sur le mode héroï-comique un épisode des guerres de religion, où catholiques et protestants se disputaient la maîtrise de la ville, la Guèrra deus Limacs (la guerre des escargots) : une nuit, du haut du clocher, les guetteurs voient des dizaines de lueurs tremblotantes se déplacer dans la plaine. Il ne fait pas de doute que ce sont des ennemis qui tentent une attaque-surprise sur la cité endormie. Aussitôt, ils sonnent le tocsin, toute la population se porte en armes sur tous les remparts. On envoie une patrouille en reconnaissance, et il s'avère que les mystérieux ennemis sont de braves gens qui, avec des lanternes, recherchent des escargots, dont les Lectourois étaient très friands, ce qui leur valait le surnom de limacaïres.

La cathédrale

La façade occidentale, encadrée par deux puissants contreforts terminés en bâtière, est d'une grande sobriété, qu'il faut pour beaucoup attribuer aux ravages du temps sur le calcaire dont elle est faite, mais aussi aux révolutionnaires qui ont martelé l'ornementation du portail. Elle est essentiellement du XVe siècle. Le portail, à quatre arceaux en accolade, à nervures prismatiques, reposant sur des colonnettes, a été privé au XIXe siècle de son linteau et de son pilier central, remplacés par un arc en anse de panier très banal. Au-dessus du portail, on distingue à peine la trace de 10 petites niches. Plus haut, une grande fenêtre ogivale, et enfin un oculus quadrifolié donnant sur les combles. Un fronton triangulaire, vestige d'un plus important, rogné au XVIIe siècle, ne parvient pas à rompre l'horizontalité de la muraille. À droite de la façade, se trouve l'entrée de l'Hôtel de Ville, jadis évêché, puis hôtel particulier du Maréchal Lannes, puis sous-préfecture. Ces bâtiments ne permettent pas de voir le côté Sud de la nef, sauf en pénétrant plus avant dans la promenade des Marronniers où l'on a un aperçu sur le chevet.

Du côté Nord, la place Barton fut occupée jusqu'au XVIIe siècle par un cimetière. Une entrée permet d'accéder à la jonction du chœur et de la nef, sous le monumental contrefort nord que l'on a parfois appelé « le petit clocher ». Ce contrefort, seul vestige d'un projet plus ambitieux, n'a pas son pendant au sud. Ici encore, le chevet n'est pas accessible, intégré dans une propriété privée qui constituait jadis l'orangerie de l'évêché.

 Vue d’ensemble de la nef et du chœur

 La voûte du chœur et l'arc triomphal, vus du déambulatoire

 Le chœur        Appui de communion, Chapelle Saint-louis

L'Assomption de la Vierge  Nostra-Dama la Blanca

Dès l'entrée, la nef surprend par son ampleur : près de 21 mètres de large, pour une hauteur de voûtes identique. Il s'agit d'une nef unique de type méridional, avec chapelles entre les contreforts, dont le type fut répandu par les Frères prêcheurs après la reconquête qui suivit la guerre contre l'hérésie albigeoise : édifice pouvant être fortifié, nef unique permettant au prédicateur de surveiller ses ouailles et favorisant l'acoustique... Le chœur qui suit, avec son déambulatoire délimité par des piliers circulaires, fait donc un contraste saisissant, qu'atténue la similitude avec les piliers (qui ne sont que semi-circulaires) séparant en deux les travées de la nef. Les chapelles sont surmontées par les galeries, aux arcs surbaissés et aux balustrades typiques de la région lectouroise. Au-dessus viennent de grandes verrières, dont la première au Nord, accolée au clocher, est aveugle.

Les chapelles de la nef possèdent une voûte de croisée d'ogives, avec des clés sculptées et peintes. La première au Nord est dédiée à saint Germain. Une porte dont le linteau est marqué de la date de 1488 donne accès au clocher. La chapelle suivante, dédiée à saint Louis, a un autel avec retable du XVIIe siècle, et un appui de communion en cœur de chêne sculpté. La suivante, celle du Rosaire, possède une statue de la Vierge en bois doré et une balustrade en fer forgé. Enfin la dernière chapelle du côté Nord, toute de marbre gris et noir, est un monument funéraire à l'évêque de Narbonne-Pelet, installé au XIXe siècle, avec une copie de la Mise au Tombeau de Titien. Du côté Sud, depuis l'entrée et en se dirigeant vers le chœur, on peut voir : la chapelle Saint-Jean-Baptiste, où se trouvent les fonts baptismaux, un autel en marbre du XVIIe siècle. Dans le mur de droite, une piscine est surmontée d'une décoration sculptée dans laquelle on peut voir la représentation du grand portail à gâble de la façade tel qu'il devait apparaître à l'origine. La chapelle suivante, Sainte-Croix, a comme celle qui lui fait face une balustrade de chêne de sept panneaux, sculptés de pilastres, de cariatides, motifs floraux et bestiaire fabuleux. La chapelle suivante a un autel et retable du XVIIIe siècle. La dernière est celle du Sacré-Cœur. Elle est entièrement garnie de toiles peintes représentant des scènes de la Passion du Christ. Autel du XVIIIe siècle en marbre.

Le chœur, dont les plans initiaux remontent à 1540, sous l'évêque Jean de Barton, a subi ensuite des évolutions peu discernables. Il est de dimensions respectables : 24 m de long sur 11 m de large. Sa voûte est plus haute que celle de la nef, ce que ne permet pas de voir l'épais arc triomphal qui les sépare. En fait, on peut voir depuis les combles que cet arc n'en est pas un, mais deux arcs diaphragmes réunis par une voûte qui en constitue l'épaisseur apparente. Les 36 stalle des chanoines, en bois sculpté, datant du XVIIe siècle, ont été réinstallées au XIXe siècle. Elles présentent une riche décoration sculptée sur les accoudoirs, les parois et les miséricordes, de têtes grotesques et d'animaux fantastiques. Au-dessus des arcades du déambulatoire, les murs du chœur sont percés de grandes verrières. De chaque côté, des crosses épiscopales croisées et des mitres aux couleurs de la ville (gueules et argent), encadrant un grand crucifix, rappellent l'ancien évêché.

Le déambulatoire se compose de neuf travées : trois de chaque côté perpendiculaires à l'axe du chœur, une travée axiale, et deux travées intermédiaires faisant un angle approximatif de 45 degrés. Une chapelle correspond à chaque travée. La première chapelle du côté Nord, correspondant à la porte percée sur la place Barton, et à l'entrée de la sacristie, a été désaffectée. Reconstruite tardivement, comme sa symétrique au Midi, ses voûtes sont plus basses. La plupart des chapelles du déambulatoire ont de très belles voûtes croisées d'ogives à liernes et tiercerons et clés très saillantes. La chapelle Sainte-Catherine, qui vient après l'entrée Nord, possède un autel de marbre et un retable en bois. Une plaque rappelle que là avait été inhumé l'évêque de Narbonne-Pelet. Dans la chapelle de l’Assomption figure une très belle Assomption en marbre blanc, caractéristique de l'art baroque italien, dont on ne connaît pas la provenance. Cette statue fut longtemps vénérée sous le nom de Nostra-Dama la Blanca (Notre-Dame la Blanche). La chapelle axiale, dédiée à la Sainte Famille, possède un très bel autel en bois sculpté et doré du XVIIe siècle, qui était jusqu'en 1880 le maître-autel de la cathédrale. Suit la chapelle Saint-Pierre, ancienne sacristie. Puis la chapelle Saint-Clair, où se trouve le reliquaire de Clair d'Aquitaine, évangélisateur de Lectoure après avoir été évêque d'Albi, martyrisé aux pieds des remparts de la cité. Les reliques de saint Clair furent emportées au IXe siècle à Bordeaux pour les soustraire aux menaces des invasions. Elles restèrent dans l'église Sainte-Eulalie de cette ville jusqu'au 12 octobre 1858, où eut lieu une cérémonie grandiose pour leur translation à Lectoure2. Puis la chapelle Sainte-Anne, placée récemment sous le vocable de saint Jacques, et la chapelle Saint-Michel. On notera, à titre de curiosité, qu'aucune chapelle n'est consacrée aux titulaires de la cathédrale, saint Gervais et saint Protais.

La cathédrale occupe l'emplacement d'un temple gallo-romain de Cybèle.

La nef, à l'origine romane et probablement faite pour une série de coupoles, fut rebâtie en 1325 en ogives, puis en 1540, le chœur en style flamboyant.

La tour de plan carré à cinq niveaux, élevée en 1488 par le maître d'œuvre tourangeau Mathieu Reguaneau, possédait un étage supplémentaire octogonal et une flèche qui en faisaient un des plus hauts clochers de France. Elle fut détruite juste avant la Révolution sur l’ordre du dernier évêque, Emmanuel-Louis de Cugnac. Elle aurait, selon une légende locale non fondée, attiré la foudre jusqu’à la cave de l’évêché, causant ainsi le bris de milliers de bouteilles épiscopales.

Des retables du XVIIe siècle, du XVIIIe siècle, et du XIXe siècle ; des portraits d'évêques, des ornements sacerdotaux, un lutrin du XVIIe siècle, 36 stalles, une Assomption de marbre blanc d'origine italienne (XVIIIe siècle) constituent l'essentiel du riche mobilier de la cathédrale. Elle conserve aussi les reliques de saint Clair d'Aquitaine, évangélisateur et hypothétique premier évêque de Lectoure, après avoir été celui d'Albi. Il subit le martyre avec ses compagnons au pied des remparts. Transférées à Bordeaux, ses reliques furent ramenées à Lectoure, en grande pompe, le 12 octobre 18586.

Église Saint-Esprit L'église paroissiale est le seul vestige de l'ancien couvent des Carmes dont elle constituait la chapelle. Vendue comme bien national à la Révolution, elle fut rendue au culte au XIXe siècle et subit de nombreux remaniements. Elle abrite un beau retable avec une Assomption de l'école espagnole, et plusieurs toiles religieuses qui ne manquent pas d'intérêt.

Carmel La chapelle est comprise dans l'enceinte du couvent qui abrite encore quelques religieuses carmélites. Le maréchal Antoine de Roquelaure, qui fut gouverneur de la ville, l'avait comblée de bienfaits, à commencer par l'offre de la maison et du jardin où s'installa le couvent. Au XVIIIe siècle, le couvent est un foyer de défense et de propagation du jansénisme. De l'extérieur, la chapelle ne se signale que par la porte classique, rue Marès, surmontée d'une niche contenant une statue de la Vierge, entre deux ailerons, elle-même sommée d'un fronton triangulaire à trois boules. Sous la niche, figure le blason du Carmel. La nef est divisée en trois travées. La partie réservée aux fidèles est séparée du chœur par un large escalier de dix marches. Le chœur, donc très surélevé, est construit sur une sacristie, devenue une crypte en clôture. L'autel, encore surélevé de trois marches, est en marbre blanc et rouge et présente un retable où figurent des statues de Saint-Jean de la Croix et de saint Joseph, encadrant une peinture de la Vision de sainte Thérèse (XVIIIe s.). Sur la gauche s'ouvre une petite chapelle de N.-D. du Sacré-Cœur, et du côté opposé, un grand arc grillagé marque la tribune réservée aux religieuses, où des stalles auraient été offertes par Louise de France, fille de Louis XV et elle-même Carmélite. Les murs de la nef sont couverts de douze peintures en camaïeu à sujets religieux. Le plus remarquable est le plafond, à nervures dorées à peine cintrées, qui reprennent un plan de croisées d'ogives à liernes et tiercerons, avec des clés pendantes portant le blason du Carmel. Les peintures originales de 1684 furent restaurées au XIXe siècle par le peintre lectourois Paul Noël Lasseran. L'ensemble n'est pas sans évoquer la chapelle des Carmélites de Toulouse.

Ancienne église des Cordeliers il ne subsiste que par son portail gothique, très altéré, rue Nationale. Orientée sud-nord, elle présentait un vaste volume où se voient encore une grande fenêtre murée, à l'Est, et des enfeux. Au XIXe siècle, à l'intérieur de la nef dépourvue de voûtes, on a construit un solide bâtiment avec des salles voûtées, qui était la prison.

 

Église Saint-Gény, au sud de la ville, dans la plaine, est un gracieux édifice du XVIIIe s. Probablement bâti sur l'emplacement de la première église antique, encore qu'il n'y en ait aucune preuve formelle, il était à l'abandon depuis la Révolution. Le monastère avait été fondé au Xe siècle. En 1059 il brûla entièrement et en 1074 les ruines furent confiées à l'abbaye Saint-Pierre de Moissac, puis à Cluny, qui dans une construction nouvelle fonda l'actuelle basilique de Saint-Gény, en activité jusqu'à la Révolution. Des moines français, rattachés à l'Église orthodoxe serbe, en Europe occidentale, ont repris le flambeau. La réouverture s'est faite à Noël 2000, en présence de Monseigneur Luka Kovasevic. On peut y voir le sarcophage et le reliquaire du saint ermite et de ses compagnons martyrs au IVe siècle. Le monastère a un musée d’icônes.