CAHORS
Le pont qui figure sur le blason n'est pas le pont Valentré (XIVe siècle), ouvrage militaire célèbre
    qui fait une partie de la renommée touristique de Cahors, qui ne compte en
    effet que trois tours. Il s'agit du pont Vieux ou pont Notre-Dame, qui
    prolongeait au sud de la ville la rue principale pour traverser le Lot. Ce pont
    a été abattu en 1868 et on ne peut voir, par temps de sécheresse, que ses piles
    émergeant des eaux du Lot. Longtemps daté de l'époque gallo-romaine (on a
    retrouvé des monnaies antiques dans ses piles), il semble n'avoir été construit
    qu'au Moyen Âge sur les piles du pont gallo-romain. Un autre pont a été
    construit au XIXe siècle,
    non loin de là, pour assurer le passage du Lot vers le sud de la ville. Il
    s'agit du pont Louis-Philippe.
   
  Géographie La commune se
    situe à 115 km au nord de Toulouse, sur
    l'axe RN 20 / A 20 reliant la ville rose à Paris via Limoges et Orléans. La
    densité de la population y est relativement élevée (309 habitants au km2).
    Confrontée à plusieurs obstacles naturels, la ville s'est trouvée limitée dans
    son expansion géographique, et a ainsi densifié son territoire. La croissance
    de l’urbanisation de Cahors doit en effet tenir compte de la topographie très
    tourmentée de la vallée du Lot.
    La barre de relief constituée par l’isthme de la boucle du Lot, s’apparente de
    fait à un pont supplémentaire : Cahors est une presqu'île. C’est une
    première spécificité. Le relief extrêmement accentué est la donnée majeure du
    site de Cahors. Le site construit de Cahors a pris possession du site naturel
    et lui a donné sa forme urbaine originale.
  En effet, il joue un rôle déterminant dans
    l'organisation de l'espace de la ville. Le développement de Cahors, entravé par
    les contraintes du site, est resté longtemps contenu dans les limites de la
    presqu'île. La ville est isolée doublement, d'une part par la ceinture d'eau
    que constitue le cingle du Lot renfermé autour de ses murs, d'autre part par
    les parois abruptes du cirque des collines qui cernent la boucle de toutes parts.
  Le site ne paraît pas favorable au développement d'une
    grande agglomération. La vallée ne s'élargit qu'à l'est avec
    les terrasses de Cabessut et de Terre Rouge, à l'ouest
    avec la terrasse de Labéraudie : là, l'expansion
    est possible bien que limitée par les risques d'inondation et par la
    persistance d'activités maraîchères. Au sud, on se heurte aux versants abrupts
    du Mont Saint-Cyr et du Pech d'Angely.
    La zone commerciale Sud de Cahors s'est développée dans la vallée du Bartassec, ce qui représente une menace car ce ruisseau est en
    effet reconnu pour ses crues particulièrement dévastatrices, notamment en 1996, où il avait
    ravagé toute la vallée et inondé les commerces et habitations sur ses rives. Le
    développement de la ville s’est ainsi fait essentiellement sur un axe nord/sud.
  Histoire
    L'Arc de Diane
 L'Arc de Diane
  Une opulente cité
    gallo-romaine Le Quercy, dont le
    département du Lot est un des composants, était habité il y a 40
    000 ans, comme le montrent les grottes de la vallée du Célé (Pech Merle par exemple à Cabrerets).
    Puis vinrent s'installer sur les hauteurs, les oppida fortifiés
    par les Cadurques, un des peuples gaulois du Sud-Ouest. Leur place-forte fut Uxellodunum situé officiellement par Napoleon III au Puy
    d'Issolud, mais d'autres sites peuvent y
    prétendre comme Capdenac, Luzech ou Murcens... Le nom
    Uxellodunum signifie "haute-citadelle" et fut en 53 avant
    J.-C. l'un des derniers bastions résistant à la conquête de César.
   
  Divona Cadurcorum La ville,
    enserrée dans une large boucle du Lot formant un presqu'île, est nommée Divona Cadurcorum (Divona était une divinité celtique des eaux et le nom d'une fontaine qui irrigue
    toujours la ville, désormais sous le nom de fontaine des Chartreux). C'était le
    nom, du temps des Celtes, fixés là bien avant l'arrivée des Romains, d'une
    source réputée miraculeuse dont la résurgence, non loin du Pont Valentré, au pied de la colline nommée
    
    La Croix Magne, est
    toujours active. Des plongeurs y ont découvert de très nombreuses pièces de
    monnaies antiques. La ville est devenue Cadurca puis « Cahors ». À partir du Ier siècle,
    Cahors est une cité gallo-romaine opulente avec un pont sur le Lot,
    un aqueduc amenant les eaux du Vers (dont on peut voir des traces à
    Laroque-des-Arcs), des villas somptueuses ornées de mosaïques, des temples (on
    a retrouvé récemment les fondations de l'un d'eux à l'occasion de travaux à
    l'Hôpital et on suppose l'existence du principal sous l'emplacement actuel de
    la cathédrale), un théâtre susceptible d'accueillir plusieurs milliers de
    spectateurs ( 6500), des thermes (dont seuls subsistent près de la gare
    l'« Arc de Diane » et des éléments de pierres
    sculptées au musée Henri Martin), une basilique et un vaste amphithéâtre (en
    forme d'ovale de 110 m de long sur 90 m de large) dont on n'a découvert qu'en
    2006-2007 les vestiges, à l'occasion d'excavations pour la construction d'un
    parking souterrain en plein centre de la ville actuelle. Le parking a été
    aménagé de sorte que, depuis le 4 avril 2009, on peut admirer ces vestiges
    depuis une balustre aménagée au premier sous-sol. Cahors exportait notamment jusqu'à Rome ses étoffes de
    lin et son vin, produit par un vignoble important créé dès les années 50 av.
    J.-C.
   
  Pillages barbares et disputes
    médiévales La
    ville de Cahors a longtemps été disputée, et assiégée plus souvent qu'à son
    tour : du Romain Jules César ou du Franc Théodebert Ier au roi de Navarre Henri IV en passant par les prétentions
    anglaises de Richard Cœur de Lion, plus tard du Prince Noir.
  Ainsi, la cité, qui s'étendait sur l'ensemble du
    cingle du Lot, est incendiée en 571 par Théodebert Ier,
    roi d'Austrasie et petit-fils de Clovis. Dès cette époque de nombreux monuments
    gallo-romains, basiliques, temples, thermes, théâtres sont pillés et détruits.
    Elle est relevée de ses ruines par l'évêque Saint Didier, dit aussi Saint
    Géry, qui y fit édifier la première cathédrale en 650 ainsi qu'une muraille
    dont le tracé correspond à l'actuel boulevard Gambetta. Les pierres des
    anciens vestiges sont alors réutilisées. Mais la ville est à nouveau pillée par
    les Sarrasins en 732, puis par les Vikings et les Hongrois. De
    tout ce qui faisait sa splendeur dans l'Antiquité, il ne reste que des ruines
    (Arc de Diane) (Voir photo) N'empêche, Cahors, forte de son emplacement
    géographique et de la puissance et de la volonté des évêques qui y règnent, se
    reconstruit et reprend de l'importance.
    Cathédrale Saint-Étienne de Cahors
 Cathédrale Saint-Étienne de Cahors
  Reste qu' au sein même de la cité le conflit
    s'éternise entre évêques, consuls puis sénéchaux pour s'arroger le pouvoir.
  Le 2 septembre 1272, l'évêque de Cahors, Barthélémy, et les
    consuls de la ville s'entendent pour nommer des « arbitres et amiables
    compositeurs » chargés de régler les différends survenus entre eux au
    sujet des anciennes coutumes et des coutumes nouvelles.
  Le 23 juillet 1304, dans une déclaration faite publiquement dans l'église
    cathédrale de Cahors, Raymond, évêque de la ville, reconnaît qu'il tient les
    consuls et habitants de cette ville pour bons et vrais catholiques, aumôniers (généreux
    dans leurs aumônes), prieurs et dévots.
   
  Jean XXII, un pape cadurcien
   Jean
    XXII
 Jean
    XXII
  Au XIVe siècle Cahors bénéficie des
    largesses du pape Jean XXII, né Jacques Duèze (ou
    d'Euze ?), en 1244, à Cahors dans une famille
    bien établie dans la ville et liée aux notables. Il est élu pape en 1316.
    Tour
    du pape Jean XXII
 Tour
    du pape Jean XXII
  Mort à Avignon en 1334, Jean XXII s'était beaucoup
    soucié de sa ville natale, de sa famille et de ses concitoyens. Il construisit
    un palais, dont il reste encore quelques éléments et une tour, encore nommée
    « du pape Jean XXII ». C'est lui qui fonde en 1331 l’université de Cahors, qui fut l'une des
    premières créées en France. Cette université était composée des quatre facultés de théologie, droit, médecine, arts ou belles-lettres. Elle attira de grands professeurs de droit notamment Roaldes et Cujas et rivalisa autour de 1450 avec les universités les plus célèbres France. Ses étudiants jouissaient des mêmes privilèges que
    ceux des universités de Paris et de Toulouse. En 1751, lorsqu'elle
    est fusionnée avec celle de Toulouse sur décision du chancelier du roi La Moignon, elle comptait
    1600 étudiants.
  À l'époque médiévale, Cahors est une place financière
    de première importance dans l'Europe d'alors, où affluent les banquiers lombards.
  Pendant la guerre de Cent Ans, la ville passe pour un temps
    sous domination anglaise. Le 8 janvier 1362, elle doit se rendre au lieutenant du roi d'Angleterre, Chandos,
    en présence du maréchal français Boucicaut. Le 5 février 1369, les consuls de
    Cahors jurent de porter secours au roi de France Charles V déclarant que, « même sous la
    domination anglaise, ils n'avaient jamais cessé d'avoir le cœur français ».
   
  Renaissance À la Renaissance, Cahors demeure une ville
    artisanale et industrielle active. Ses vins, connus depuis les Romains et
    appréciés dans le monde de l'époque, qui lui assurent des revenus, subissent la
    concurrence féroce de ceux de Bordeaux, soutenus par les Anglais. En 1562, les
    catholiques tuent huit protestants, dans un affrontement de rue.
  En mai 1580, durant la septième guerre de religion, Henri de Navarre en fait le siège. Le capitaine
    Jean de Vezins refuse la reddition. Les assaillants
    font sauter la porte, puis prennent la ville après trois jours et trois nuits
    de combats de rue, barricade par barricade. Cette prise contribue énormément
    au prestige du futur Henri IV : il est toujours au cœur des combats,
    entraîne ses compagnons d’armes, les rallie sans cesse, veille à éviter le
    pillage, empêche le massacre.
   
  Le Pèlerinage de Compostelle : Les jacquets arrivaient de Saint-Cirq-Lapopie pour ceux qui avaient emprunté
    la vallée du Célé,
    ou de Varaire pour ceux qui avaient emprunté la vallée du Lot.
    La sortie de la ville et la traversée du Lot qui se faisait aux premiers
    siècles de l'ère chrétienne comme de nos jours en face du quartier
    Saint-Georges, il se fit aussi à partir du XIVe siècle par le pont Valentré.
    Les pèlerins remontaient alors par un chemin assez raide jusqu'à
    
    la Croix de Magne et de là,
    après un dernier regard sur le panorama de l'ancienne cité des Cadurques, reprenaient leur chemin dans la direction que
    leur indiquait toujours
    
    la Voie lactée. Sur ce parcours, la prochaine commune est Labastide-Marnhac.
  Cahors eut plusieurs hôpitaux dont celui de
    Saint-Jacques qui fut d'abord près de l'actuelle place Galdémar.
    En 1683, il fut
    transféré au lieudit
    
    la Croix
    des Capucins. Une chapelle dédiée à l'apôtre de l’Espagne fut appelée au XVIe siècle Saint-Jacques des Pénitents
    à partir du moment où elle fut le siège d'une confrérie de Pénitents
    Bleus, un très intéressant retable y était conservé.
   
  Du roi Soleil à Gambetta La ville qui accueille un nombre
    fort élevé de couvents et de congrégation est menée d'une main vigoureuse par
    les évêques et les prélat. Mais au cours des siècles, elle perd de son lustre
    et de son prestige politique et culturel. Ainsi l'université qui était renommée
    du XIVe au XVIe siècle
    est fermée au XVIIe siècle.
    Plus tard, le vaste département du Lot, dont Cahors est le chef-lieu, est
    amputé, en 1808, de sa partie sud au profit du département de Tarn-et-Garonne et de Montauban, son ancienne sous-préfecture. La ville conserve néanmoins un
    excellent établissement d'enseignement secondaire, hérité de l'école des
    Jésuites, lycée royal ou impérial, qui deviendra le Lycée Gambetta. Ce lycée - et avant lui le
    Collège de Jésuites - a formé au long des siècles de nombreuses (futures)
    célébrités : juristes, poètes, maréchaux d'Empire, sommités médicales,
    hommes politiques, journalistes...
   Léon
    Gambetta par Léon Bonnat
 Léon
    Gambetta par Léon Bonnat
  L'établissement porte le nom de l'un de ses anciens
    élèves, Léon Gambetta, né dans la ville tout près du lycée,
    avocat, tribun et homme politique célèbre qui s'était opposé à Napoléon III et
    est devenu le sauveur de
    
    la
    Nation face à l'invasion prussienne en 1870, assurant ensuite
    le rétablissement du pays.
  Le paisible chef-lieu du Lot a connu, à partir de
    1881, un développement de la presse locale. "Le petit écho de
    Cahors", un mensuel destiné aux habitants du département et
    principalement aux agriculteurs a été imprimé dans la ville de 1890 à 1915.
   
  De Cahors Mundi... En 1949, à
    l'initiative de Robert Sarrazac et à
    celle associée de Émile Baynac, instituteur,
    fondateur des "Francs et franches camarades", Cahors, chef-lieu du
    département français du Lot, s'était déclaré ville citoyenne du monde :
    "Cahors Mundi". L'année suivante, les 24 et
    25 juin 1950, Cahors fêtera en grande pompe ce premier anniversaire en présence
    du prix Nobel de
    
    la Paix
    1949, l'écossais Lord Boyd Orr, fondateur de
    
    la FAO à l'ONU. André
    Breton, le pape du Surréalisme participe aux festivités organisées près du
    monument médiéval, le pont Valentré. Cette
    manifestation a marqué le début d'un mouvement qui a impliqué un millier de
    territoires dans 13 pays.